CAPC – Musée
d’Art contemporain

Edifié en 1824 le long de la Garonne, l’Entrepôt réel des denrées coloniales était destiné au stockage des épices, du chocolat et de la vanille venus d’outre-mer. Conception rigoureuse, système constructif ingénieux, cette architecture préférait à l’ornement les beautés d’une géométrie maîtrisée. De lourdes maçonneries protégeaient les précieuses denrées du soleil, architecture de l’ombre et de l’épaisseur que seuls quelques rais de lumière venaient traverser.

Effet inverse d’une sédimentation qui, à chaque nouvelle couche, masquerait la précédente, la restauration conserve l’usure des pierres, les graffitis des ouvriers et la noirceur de certaines façades, mesure de la pratique et du temps. Authenticité de la démarche, l’expression architecturale contemporaine s’inscrit dans la compréhension et le respect profond de cette architecture de calcaire doré et de briques claires.

Jeux de plans horizontaux ou verticaux, qui captent une portion d’espace en même temps qu’ils révèlent celui qui les contient. Parois blanches qui parfois comblent un arc, parfois le masquent partiellement, suscitant, dans le mouvement qui conduit à le reconstruire mentalement, un regard nouveau sur le lieu. Ici les architectures s’imbriquent. Muséographie contemporaine, architecture restaurée de l’Entrepôt, de l’une et de l’autre, la lecture est claire, indépendante.

Attitude dans la restauration, intensité de la relation au lieu et à l’art, l’Entrepôt construit sa valeur non pas dans l’effacement de l’intervention contemporaine mais dans sa capacité à être sans s’imposer.